jeudi 10 avril 2008

French Idol 1 - Comment ça marche

Bon ça fait partie du genre de "guilty pleasures" qu'on regarde en sachant que ce n'est pas l'émission la meilleure au monde mais ça peut être agréable à suivre même si on garde un esprit lucide. On peut même se prendre au jeu, avoir des préférés... Tout ça pour dire que je vais me livrer à un comparatif des versions française et américaine de la Nouvelle Star. (ça va prendre plusieurs posts!)

Le concept de la Nouvelle Star n'a évidemment pas été inventé en France, comme c'est souvent le cas avec la télé-réalité. L'émission a commencé au Royaume-Uni sous le nom de Pop Idol en octobre 2001. La première édition a été remportée par Will Young.


American Idol a débuté sur la Fox en été 2002, saison où les chaînes américaines font en général démarrer les programmes auxquels ils ne font pas nécessairement confiance. Contre toute attente, ça a été un succès massif, voyant pour la première saison la victoire de Kelly Clarkson (qui commence seulement à être célèbre en France depuis un an ou deux avec des titres comme Since you've been Gone et Because of You).

Le concept est le même dans tous les pays mais on y note toujours des différences. En France le jury est composé de quatre personnes alors qu'aux Etats-Unis ils ne sont que trois (sauf la présence d'un juré célèbre de temps en temps) ce qui simplifie la sélection puisqu'il ne peut pas y avoir égalité. En France quand un candidat obtient deux non et deux oui le non l'emporte… Le point commun à ce niveau-là est l'importance croissante donnée au jury dans les deux émissions, que ce soit les coups de gueule ou les rapports entre jurés et avec le présentateur. Après tout, plus que les candidats, on regarde au départ l'émission pour le jury puisqu'on le connaît déjà. C'est l'élément stable de l'émission.

"Stable" est un bien grand mot si on considère l'un des membres du jury américain, Paula Abdul. Vous vous souvenez peut-être de Paula Abdul pour ses tubes des années 80-90 Straight up, Cold Hearted, Opposites Attract (oui, le clip avec le chat animé), et plus tard Hush Hush. Elle a débuté comme danseuse et chorégraphe, notamment pour Janet Jackson. Aujourd'hui… elle revient à la chanson avec un single produit par son collègue Randy Jackson. Quand on la voit dans son rôle de jurée, on la trouve rarement cohérente. Soit complètement apathique soit surexcitée, on la croit souvent sous l'emprise de substances plus ou moins licites (elle aurait été accro aux calmants suite à une blessure). Suite aux prestations des candidats, elle laisse souvent aller ses émotions, pleure, a du mal à s'exprimer et invente parfois des mots. Elle a en tout cas le rôle de la "gentille", elle dit rarement du mal des prestations, préférant même parfois s'en tenir à un "You are beautiful tonight" (Tu es superbe ce soir) pour ne parler que des bons côtés des candidats dont les atouts ne sont que physiques.

Elle est aussi célèbre pour ses altercations avec ses collègues. Lors de la saison 5 (début 2006) elle aurait été en froid avec le présentateur, Ryan Seacrest, pendant quelques semaines, les deux échangeant des piques par plateaux télé interposés (chez Jay Leno notamment). Mais ses relations les plus tumultueuses sont avec son collègue Simon Cowell. Ils jouent l'ambiguïté avec une relation haine-amour totalement surjouée. Elle se jette sur lui, il la repousse, il blague sur son âge, elle le frappe…

Tout cela rentre parfaitement dans le rôle stéréotypé de Simon, le "méchant". Producteur impitoyable il a fait ses preuves dans le monde de la musique en découvrant des boys-bands comme Westlife, et plus récemment en formant le groupe Il Divo. Il était déjà présent dans la version britannique et a emmené avec lui le concept aux Etats-Unis. Il est très cassant avec les candidats dès les auditions, allant même jusqu'à les attaquer sur leur physique ou leur look. Il a notamment fait scandale en 2006 lors de l'audition de Mandisa (qui est ensuite arrivée jusqu'au Top 10). Après l'avoir sélectionnée il a dit "We're gonna need a bigger stage" (On va avoir besoin d'une scène plus grande). Il suggère aussi régulièrement à des candidats efféminés de carrément mettre une robe ou de faire carrière dans le music-hall.

Lors des primes il est un peu plus mesuré, il reconnaît des qualités aux candidats les plus doués (ou ceux qu'il verrait bien signés par la maison de disques) mais cherche toujours à sortir des bons mots pour critiquer ceux qu'il n'aime pas ou qui se sont clairement plantés. Ainsi Anthony Fedorov (saison 4) a autant de rythme qu'un ours polaire, Constantine Maroulis (saison 4) est un caniche avec un blouson de cuir, Taylor Hicks (saison 5) est comme un père qui a trop bu et se lève pour chanter au mariage de sa fille… Parfois injuste, certainement pas toujours objectif, Simon reste indispensable à l'émission puisqu'il dit aussi souvent tout haut ce que les téléspectateurs pensent tout bas, et qu'il est l'homme que le public aime détester… c'est-à-dire celui qui se fait le plus huer. Il est juste regrettable que, dans cette émission typiquement américaine, les coups de gueule qui étaient au départ spontanés soient parfois sans doute orchestrés, voire scénarisés.

La question s'est d'ailleurs posée à ce sujet en France, et les jurés ont démenti. Marianne James et Manu Katché, les plus virulents, ne disaient donc que ce qu'ils pensaient… a priori. En tout cas même si leurs propos pouvaient sembler dérangeants au départ ("de la merde dans les oreilles"), ils ont tellement fait parler d'eux qu'on peut penser que M6 et la production les encourageaient ou en tout cas les laissaient libres de leurs paroles, tout en feignant l'offuscation au travers de l'animateur (Benjamin Castaldi d'abord, et Virginie Efira ensuite). Il est un peu tôt pour juger le nouveau jury et ils sont majoritairement admiratifs du talent des candidats, mais ils ne se gênent pas pour « casser », comme quand Lio trouve que la larme de Sian sonne faux.

Le rôle de l'animateur en France se borne essentiellement à un rôle de médiation, de passage de relais, il donne la parole aux uns et aux autres, il présente les chansons mais ne laisse pas passer beaucoup de lui-même. D'ailleurs le passage de Castaldi à Efira ne change pas grand-chose au ton de l'émission, ni à son audience. Aux Etats-Unis en revanche, Ryan Seacrest est beaucoup plus mis en avant. Vous avez peut-être déjà vu Ryan en photo dans les magazines people, quand il a eu une "aventure" … d'un jour ou deux avec Teri Hatcher.


Depuis des années les médias et le public s'amusent à essayer de voir des indices de son homosexualité à chaque fois qu'il parle, alors qu'il a toujours dit être hétéro. Il est en tout cas l'exemple type du métrosexuel, il est très coquet, très fashion, prend soin de sa peau et de ses cheveux, et l'assume totalement. Il n'hésite pas à jouer sur cette ambiguïté, notamment en taquinant Simon et avec son ancien gimmick "Seacrest out" sur lequel il terminait l'émission. Phrase à double sens qui à la base signifie la fin d'une transmission mais qui peut être interprétée comme un coming-out. Lors de l'émission, Ryan est très à l'aise, rebondit sur les imprévus, papote avec les candidats et parfois avec le public pour faire ses lancements.

Le dernier membre de l'équipe américaine est le troisième juré, Randy Jackson.

Musicien et producteur, il répète d'ailleurs qu'il a travaillé avec les plus grands : "Quand j'étais en studio avec Mariah…" est une phrase qu'on l'entend souvent prononcer. Lui a un rôle plutôt neutre, à vrai dire il exprime rarement une opinion très tranchée, se contentant de "It was alright" (ça allait) ou "It started kinda shaky but you worked it out in the end" (c'était un peu hésitant au début mais ça allait mieux après). Il suscite moins de réactions extrêmes que ses deux collègues, et on le connaît plus pour sa répétition du mot "dog" ou "dawg", terme affectueux venant de lui, un peu comme un "mec". Il avait même sa propre "fourrière" lors de la saison 4, où il faisait aboyer les candidats garçons sur commande en réaction à une prestation.

Il est temps d'ailleurs d'expliquer les plus grosses différences dans la mécanique des deux émissions : en France on a une grosse émission chaque semaine, pendant laquelle le public vote pour éliminer un candidat à la fin. Aux Etats-Unis les choses sont un peu différentes. Une fois que les candidats ne sont plus que 24 (le nombre a varié selon les années) à l'issue des auditions (dans différentes villes puis dans un théâtre de Los Angeles, un peu comme pour nous), ils passent aux primes. Seulement la différence est qu'ils séparent les garçons et les filles. Les 12 garçons chantent le mardi, et les 12 filles le mercredi. A chaque fois, le public n'a le droit de voter qu'à la fin de l'émission, une fois que tout le monde a chanté, et pendant environ deux heures. Les résultats ne sont donnés que le jeudi, et au départ sur 24, 2 garçons et 2 filles sont éliminés. Ça continue ainsi jusqu'à ce qu'ils soient 12, là ils sont rassemblés et chantent tous le même soir, pour avoir les résultats le lendemain, avec un éliminé. L' émission en direct avec les prestations dure une heure (enfin, 42 minutes si on enlève la pub), à part quelques spéciales de deux heures, et les résultats durent une demi-heure ou une heure selon les saisons et les périodes. Autre différence, le candidat éliminé rechante sa chanson pour terminer l'émission, et on voit un petit magnéto qui montre son parcours depuis les auditions en guise d'au revoir. Lors de la saison 5, chaque magnéto avait pour fond sonore la chanson Bad Day de Daniel Powter, ce qui a d'ailleurs fait connaître la chanson aux Etats-Unis et il est venu la chanter sur le plateau lors de la finale.

Une autre différence qui me semble importante, et qui aide peut-être à percevoir les candidats sous un jour plus professionnel dès le départ de l'émission, c'est que lors de leur première audition et tout au long du jeu les candidats sont présentés avec leur prénom et leur nom de famille. Mine de rien, on prend plus au sérieux un Chris Daughtry, une Carrie Underwood, ou un Elliott Yamin, plutôt qu'un "Bruno", une "Cindy", une "Dominique"… ça semble tellement générique, et ça donne d'autant plus envie aux gens de préciser par exemple "Christophe de la Nouvelle Star", parce que même si on connaît son nom de famille aujourd'hui, on l'a connu sous ce nom là. Il en va de même pour tous les candidats de la télé-réalité d'ailleurs et je pense que même s'ils cherchent à préserver l'anonymat de leur famille ou si la production cherche à avoir des noms plus faciles à mémoriser pour le public, ils gagneraient à être présentés dès le début sous leur nom complet, ça faciliterait certainement leur carrière par la suite (pour ceux qui en ont une).

Plein de gens se sont sans doute demandés qui était cette Olivia Ruiz qu'ils entendaient à la radio, alors que si elle avait été connue sous ce nom-là dès la Star Ac la question ne se poserait pas autant. Bon dans son cas, ça lui a peut-être servi à se faire oublier justement. Mais pour beaucoup ça éviterait que leur album passe inaperçu (exemple : Pascal Mono… et je suis obligée de préciser "de la Star Ac 5"). Ne serait-ce qu'en 2006 on a eu deux candidates nommées Dominique, une finaliste de la Nouvelle Star et l'autre de la Star Ac, et sans connaître leur nom d'artiste ça semble redondant. Autant profiter de cette médiatisation sur plusieurs mois pour faire connaître ce qui sera leur nom d'artiste! Les seuls qui aient de la chance à ce niveau-là sont ceux qui ont des prénoms rares ou inédits dans le monde de la musique. A ma connaissance il n'y avait pas d'autre Amel, donc on a tout de suite su qui était Amel Bent. Pour la Star Ac Nolwenn, Houcine, Georges-Alain ou Patxi n'ont pas trop de souci non plus. Mais le nom de famille apporte une crédibilité supplémentaire.

La prochaine fois, un comparatif des gagnants des deux émissions...

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